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LES PREMIERS LIEUX DE CULTE CHRÉTIEN

Jusqu’au troisième siècle, on ne parle pas d’« église » pour désigner les bâtiments religieux mais pour désigner les groupes de fidèles réunis en communautés dispersées. À cette époque, les chrétiens sont peu nombreux et vivent généralement dans la clandestinité. Le catholicisme – vu au départ comme une secte juive et un peu comme hérétique par le judaïsme – est considéré comme un danger par certains. On reproche aux chrétiens d’être contre la religion romaine et de critiquer la société, de ne pas se mêler à la vie publique, de créer un État dans l’État, de détériorer l’ordre social, d’éloigner les personnes des médecins, de refuser de se joindre au sacrifice aux Dieux « pour le salut et la conservation » de l'empereur, de rejeter les divinités locales,… C’est pourquoi ils sont persécutés de façon variable jusqu’au IVe siècle ; par moments ils sont suppliciés violemment, tandis qu’à d’autres périodes ils sont tolérés mais pas admis. Les premières persécutions des chrétiens se font du temps de l’empereur Néron – dans les années 60 après Jésus-Christ – qui leur attribue l’incendie de Rome. La deuxième phase de persécutions se situe sous l’empereur romain Marc Aurèle – mort en 180 –, surtout dans la région lyonnaise, en Gaules. Marc Aurèle pense que les chrétiens sont pour l’État encore plus dangereux que les Juifs. Il y a des persécutions sous le règne de l’empereur Dèce, au pouvoir de 241 à 251, puis sous celui de l’empereur Dioclétien à partir de 303. Il écrit quatre édits dans lesquels il commande de brûler les livres chrétiens ainsi que les églises ; il fait emprisonner les évêques ; il fait radier les autres clercs ; il interdit l’affranchissement des esclaves ; il autorise les repentis à être libéré ; et il promulgue la peine de mort pour tous ceux qui refusent les sacrifices.


Avant l’édit de tolérance de Milan en 313, les premiers lieux de culte chrétiens – nommés « Domus ecclesiae », « Maison de l’assemblée » – sont aménagés dans une pièce dans la demeure privée d’un membre d’une des petites communautés chrétiennes plus ou moins indépendantes les unes des autres. Chaque communauté – établie surtout dans les cités – possède son évêque, ses prêtres, ses diacres,… Certaines habitations sont ensuite entièrement réaménagées, comme par exemple la « domus ecclesiae » de Doura-Europos au IIIe siècle. On y trouve entre autres un espace pour le repas, des chambres, une salle avec un baptistère creusé à même le sol pouvant être en forme de croix (1), une chapelle, des fresques chrétiennes sur les murs, une plaque à l’entrée du bâtiment le désignant comme maison de culte,…


(1) La cuve baptismale a fait son apparition à partir du VIIIe siècle. Avant elle, le baptême était administré uniquement par un évêque. Il se faisait par immersion et concernait plus souvent des adultes que des enfants. L’immersion signifiait la mort de l’homme et sa renaissance en tant que chrétien.


Domus ecclesiae


En avril 313, l’Empereur Constantin Ier édicte un édit: l’édit de tolérance de Milan. Il accorde la liberté de culte à toutes les religions. Il établit ainsi un temps de tolérance à la religion chrétienne que l’Empereur prend comme religion personnelle et celle de l’empire. Au IVe siècle, les évêques tentent d’ériger des édifices à l’extérieur des murailles, à l’emplacement d’anciens lieux de culte païens, de temples, d’édifices cultuels (fana), dans des cimetières, à l’endroit du supplice d’un martyre – ce qui crée les pèlerinages – et de transformer les chapelles de domaines fonciers en églises paroissiales. On trouve, situé à l’intérieur des murailles sur des terrains privés sans intérêt particulier, le « groupe épiscopal » : plusieurs bâtiments généralement collés les uns aux autres. Il se compose, à l’époque, de l’église de l’évêque – l’« ecclesia » –, de son habitation, d’un baptistère et d’une autre église. À l’extérieur des murailles, n’ayant aucune architecture imposée, les chrétiens optent pour celle des basiliques païennes d’architecture byzantine et de plan basilical: un bâtiment rectangulaire avec de grandes salles capables d’accueillir une grande foule, sans transept, à trois, cinq ou sept nefs, dont l’orientation variait. Le prêtre office face aux fidèles ou, au contraire, leur tourne le dos. L’autel est placé de manière à ce que tout le monde puisse le voir et le siège du prêtre est, si possible, surélevé. Les siècles suivants, des églises, cathédrales, basiliques, collégiales ont été construites sur des plans et des modèles différents. On trouve l’art préroman, le roman, le gothique rayonnant, le gothique flamboyant,… le plan basilical, le centré, le roman-rhénan – c’est-à-dire deux chœurs et deux transepts –, à nef unique, à croix latine ou croix grecques,…









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Références:

Louis Malle, Les sources du baptême: découvrir les baptistères et les fonts baptismaux, Éditions de l'Atelier,‎ 1994

Brigitte Basdevant-Gaudemet, Église et autorités : études d'histoire du droit canonique médiéval, éditions Limoges : Pulim, 2006.

Marie-Françoise Baslez, Les persécutions dans l'Antiquité. Victimes, héros, martyrs, éd. Fayard, 2007

Didier Le Fur, L’inquisition, Le livre de poche, 2015

Vidéo-conférence de Monsieur Jean-Michel Dufays : Christianisme et paganisme du Ier au VIIIe siècle

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