Avant l’église
Au début, il n’y a qu’une église pour toute l’entité (Saint-Nicolas, Saint-Gilles, Montegnée, Tilleur, Saint-Hubert,…) : celle de Saint-Gilles. Ensuite, on voit apparaître rue des Bons Buveurs une maison-église (que les habitants appellent « chapelle ») dans laquelle les fidèles se réunissent. Ainsi naît la paroisse de Saint-Nicolas gérée par le curé Victor Preud’homme. Il faut attendre l’arrêté royal de 16 mars 1874 qui autorise la construction d’une église (une demande a été faite par les citoyens).
Où construire et comment financer
Monsieur l’Abbé de Thier succède à l’Abbé Preud’homme. Il choisit l’emplacement où sera érigée l’église : un endroit dit « Trixhes-Aux-Agneaux », non loin d’un chemin de fer (aujourd’hui disparu). La fabrique d’Église de Saint-Nicolas veut y acheter une parcelle de 34 ares 88 centiares à la famille de Louvrex-Massange. Le Conseil Communal accorde un subside de 30.000 francs belges et la famille décide de céder gratuitement le terrain et fait don de 20.000 francs. De plus, la fabrique d’Église fait un emprunt à la commune de 10.000 francs. On organise des tombolas et on vend les gros peupliers du Canada de l’allée des Grands Champs.
La construction de l’église
L’église est consacrée à Saint-Nicolas de Myre. Le plan de l’édifice est réalisé par l’architecte Jules Halkin de Liège (1830-1888). Les travaux commencent en mars 1874 et se terminent en août 1876 (l’église fut consacrée le 28). On fait à nouveau une tombola pour financer l’achat de la première cloche (qui sera volée par les Allemands durant la seconde guerre). Elle porte une inscription : « Je suis dédiée à Monseigneur Nicolas de Myre, sous le pontificat de Sa Sainteté Pie IX, Th. De Montpellier étant Évêque de Liège, et Charles de Thier Curé. J’ai comme parrains…. Et j’ai été fondue en 1876 par Séverin Vanaerschodt de Louvain. » La deuxième cloche arrive en 1877. Elle est dédiée à Saint Léonard et Sainte Barbe, patrons des mineurs (après le vol de la première cloche par les Allemands, cette seconde restera seule jusque le 1er mai 1965, pour le centenaire de la paroisse).

Le Curé de Thier
Monsieur le Curé de Thier reste durant 35 ans. Il contribue à équiper l’église mais aussi à construire des écoles, des cercles paroissiales, un couvent, des patronages,… Il prête de l’argent à beaucoup d’habitants de la commune et des environs. Lorsqu’il sait qu’il est condamné par sa maladie, il fait brûler toutes ses reconnaissances de dettes en disant : « Je ne veux pas qu’on fasse le moindre ennui à mes débiteurs après ma mort. » Il décède en 1906.
La Première Guerre
Durant 1914-1918, Saint-Nicolas ne connaît pas de grands combats dévastateurs ni de bombardements. Cependant, un incident manque d’avoir de graves conséquences.
Durant les premiers jours de la guerre, au mois d’août, on fête Saint-Nicolas. Pour cela, l’ardoisier et membre des oeuvres paroissiales, Louis Hanon, accroche au clocher le drapeau national puis s’en va précipitamment rejoindre l’armée belge. Les patrouilles allemandes passent dans la commune et remarquent le drapeau. Ils déclarent que cela est une provocation à leur égard et somment le Curé Laenen de l’enlever tout de suite. Le souci, c’est que tout le monde a peur de monter à une telle hauteur et personne ne connaît la technique qu’a employée Monsieur Hanon pour y grimper. Les Allemands commencent à menacer de brûler le village et les habitants. Monsieur le Curé, qui se démène pour chercher une bonne âme hardie, finit finalement par trouver in extremis quelqu’un : un ouvrier du Fond des Rues, Bailly. En sabots, Bailly escalade le clocher et enlève le drapeau. Cela est un soulagement. Mais ensuite, durant plusieurs jours, les hommes de la commune doivent se constituer otages : ils doivent passer la journée sur la Place Saint-Nicolas et ont l’autorisation de retourner le soir chez eux avec la promesse de revenir le lendemain sous peine de représailles contre la famille et les voisins.
Un peu plus tard, c’est un deuxième incident qui manque d’arriver : à cause de langues trop pendues ou d’une dénonciation , les Allemands arrivent auprès du Curé de Laenen. Ils l’obligent à ouvrir l’église et ils se rendent dans le clocher où ils pensent que des armes sont cachées. Ils ne trouvent rien, c’est pourquoi ils s’aventurent au-dessus de la nef bien malgré les désapprobations du Curé qui les prévient qu’ils marchent à certains endroits sur le plâtras. Les Allemands ne voient pas là une mise en garde mais la peur qu’ils découvrent les armes. De plus en plus soupçonneux, ils continuent donc d’avancer. Ils arrivent au-dessus du chœur. La jambe de l’un d’entre eux passe au travers le plâtras. Il est rattrapé par ses compagnons de justesse. Ils décident alors de faire demi-tour… et ils ne surent jamais que les armes se trouvaient cachées quelques mètres plus loin.
L'ouragan

Dans la Commune de Tilleur, on se déplaçait en barque et un mur a été construit pour éviter que l'eau déborde.
Deuxième Guerre / destruction de l’église
Durant plus de quatre ans, Saint-Nicolas est occupé par les Allemands. La commune connaît le lourd climat d’insécurité, de crainte, de panique, d’arrestations menées le matin par la Gestapo,…
Nous sommes le 19 juin 1934. Un camion allemand s’arrête devant l’église. Un officier ordonne au Curé Collette de lui donner les clefs. Le Curé refuse. La porte est alors fracturée. La nouvelle se répand et une foule s’amasse pour voir ce qui se passe. La rosace est brisée et les Allemands attachent des câbles pour faire descendre la première cloche en vue de l’amener dans les fonderies allemandes. La population, indignée, jette des pierres, des fleurs,… la pression monte. C’est l’arrivée de la Gestapo qui vide la place de l’église rapidement.

Le 9 mai 1944, les bombardements commencent.
Le 4 janvier 1945, à 11h30, un robot V1 tombe dans la prairie entre le chemin de fer qui loge le cimetière et l’église. L’église est très fortement endommagée. Le chœur, le transept et la partie gauche de la nef sont presque entièrement détruits. La grande croix (qui est toujours présente aujourd’hui mais qui a ses bouts coupés) pend au-dessus des ruines.


on peut voir sur la photo 16 que la croix a encore ses bouts, et sur la photo 17 l'orgue qui était dans la tribune. Il est resté en l'état jusqu'à ce que l'Allemagne rembourse. Ensuite, il a été démonté par mon grand-père, sacristain à l'époque, et mon oncle/parrain (actuel sacristain) . Les tuyaux ont été revendus et quelques bois sont encore aujourd’hui visibles dans le garage de mon oncle/parrain.
(Cliquez pour agrandir les photos)
La reconstruction
Le 2 février 1950, le Curé Wahlen obtient du Ministre des Travaux Publics et de la Reconstruction le financement des travaux de maçonnerie. Le 6 mars 1950, les travaux commencent. On doit d’abord démolir une partie de ce qui reste, ce qui n’est pas sans danger. Le 5 avril, une arcade du chœur s’effondre. Monsieur Colas de Herve, qui est grimpé dessus, tombe dans le vide. Le Curé Wahlen, qui se trouve à proximité, réussit à éviter la chute des pierres. Monsieur Colas en ressort avec deux fractures. Afin de réduire les frais, le Curé fait souvent appel à des volontaires. On récupère les anciens pavés et les replace.


La fin de la reconstruction a lieu en mai 1951. Le 20, à 10h30, on inaugure et béni l’église en la présence de Monsieur Meunier.
Le 30 mai, deux employés sont montés sur un échafaudage et procèdent au rejointoyage de la façade. L’échafaudage cède et les deux hommes tombent.
Ces deux ouvriers tombés étaient mon grand-père paternel (qui avait une entreprise de maçonnerie, avant de se faire arnaquer et de tout perdre... comme quoi, il faut toujours faire une facture pour avoir la preuve qu'on vous doit de l'argent ! Bref...) et un de ses ouvriers. Dans le livre écrit par Messieurs Demet et Mercier, il est dit que le premier n'a rien eu, c'est faux: mon grand-père a eu le poignet cassé. Le deuxième (l'ouvrier) "avait quelques côtes cassées" : c'est ce que les médecins ont cru, puis ils ont vu qu'en fait, c'était le bassin. Il n'a plus jamais su travailler. Tous deux ont rejointoyé la façade de l'église. Le souci, c'est qu'on ne leur a pas donné du bon matériel (soucis d'économie, voyez-vous), du coup, aujourd'hui, en 2016, les briques de façade tombent... (petite anecdote: mon grand-père était sacristain, tout comme l'a été son père... et tout comme l'est mon oncle/parrain aujourd'hui.)


Statue de Saint-Nicolas
En 1951, on acquiert la statue de Saint-Nicolas qui date du XVIIIeme siècle chez un antiquaire. Elle fut bénie le dimanche 2 novembre 1951 durant la messe de 8h30.
Tremblement de terre du 8 novembre 1983
Le 8 novembre 1983, à 1h49 du matin, la terre se met fortement à trembler. On pense que c’est Tihange qui a explosé.
Durant le tremblement de terre, la Vierge Marie, située sur un meuble dans bras gauche du transept, tombe et se fracasse. Elle est alors ensuite nommée « Notre Dame de toute Détresse » par le Curé Rigatti qui décide de ne pas la réparer. Elle est encore visible aujourd’hui à l’église.

Reportage 30 ans depuis le tremblement de terre : cliquez ici
COMPARAISON AVANT LES GUERRES / DE NOS JOURS
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DÉTAILS / ARCHITECTURE
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Références:
Ma famille
F. Demet et R. Mercier, Cent années de vie paroissiale, Rapid-Press, Liège
Commune de Saint-Nicolas