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LA VIE DES PIRATES

Dans la littérature on dépeint souvent les pirates comme chercheurs de trésors, la carte d'une île mystérieuse dans les mains, ne manquant pas de nourritures ni de rhum, leurs cales remplies d'or, de bijoux et d'argent, ravis d'avoir choisi cette voie. Rares sont ceux qui deviennent riches. Quand un marin met pied à terre, il dépense bien souvent l'entièreté de leur bourse en boissons et en femmes. Les voyages sont longs, la nourriture se gâte. Oubliez les gros repas avec viande à volonté où l'eau et le rhum coulent à flots. C'est biscuit sec grouillant de larves et eau croupie rationnée. Pensez-vous que le capitaine est mieux loti? Croyez-moi, cela n'est pas toujours le cas. Les marins souffrent cruellement de la faim et du manque de vitamines. Le scorbut les guette ainsi que la mort. Il n'y a aucun trésor caché et il faut attaquer les navires marchands afin de pouvoir s'emparer de leurs marchandises – soies, cotons et autres étoffes, cacao, épices, céréales, esclaves,… – et d'ensuite les revendre ou encore faut-il capturer un personnage notoire – sur son propre bateau ou lors d'une attaque d'un port, d'une ville – puis réclamer une rançon. La plupart du temps les antagonistes préféraient se rendre. Attention à ne pas vous faire attraper ou vous finirez pendu! Ces infâmes êtres étaient d'une cruauté inqualifiable… mais pas tous. Le but était surtout d'attiser la crainte. Pourquoi certaines îles toléraient-elles ces abominables vauriens? Parce qu'ils faisaient prospérer leurs commerces et parce qu'elles ne possédaient pas beaucoup de moyens de défense. Elles appréciaient alors la compagnie des pirates car en cas d'attaques, ceux-ci défendaient le territoire. Et non, détrompez-vous, les hors-la-loi n'ont pas tous demandé à devenir bandit. Bien souvent, les forbans font ce métier parce qu'ils n'ont pas le choix. Il y a d'anciens esclaves évadés qui rêvent de liberté, des hommes qui n'ont trouvé aucun autre travail et d'anciens corsaires abandonnés à leur sort par leur pays qui ne veut plus d'eux. Et puis il y a les révoltés, rêvant d'un monde plus juste, qui ont la sensation de combattre la Société, ceux qui ont été enrôlés de force ou par accident et ceux pour qui cela semblait être une vocation. Au début, ce ne sont pas tous des vauriens sans cœur mais à l'usure, ils finissent par perdre ce qui leur reste d'humanité, devenant comme obsédés par les combats, par le sang, par la mort dont ils se sentent parfois les maîtres.




Pirate, corsaires,… ?

- Pirate : hors-la-loi qui agit pour son propre compte. Il attaque, tue, sans faire de différence de nationalité.

- Corsaire : il agit sur « lettre de marque », au nom du roi (ce dernier n’était pas toujours au courant). Il doit attaquer que les ennemis du roi.

- Flibustier : corsaire antillais (il n’est pas un pirate).

- Boucanier : à l’origine, il s’agit d’un chasseur d’animaux sauvages. Ils occupaient les terres de l’île d’Hispaniola. Suites aux tentatives de l’Espagne de les évincer et à la réduction de gibier, ils rejoignent les flibustiers.

- Forban : pirate arpentant les mers pour son compte.

- Contrebandier : il fait du commerce clandestin de marchandises interdites ou dont on n’a pas payé les frais de douanes.



Quel navire ?

Les pirates préféraient les navires plus légers, adaptés à la course, plus rapides et plus manoeuvrables, comme clipper, lougre, sloops, brick, brigantin, frégate, chébecs, cutter, goélette,… Un autre avantage de ces bateaux était qu’ils pouvaient se glisser sous la poupe (arrière) ou sous la proue (avant) des gros vaisseaux abordés, se protéger des boulets et autres armes de jet. Si le navire adverse était plus petit, ils mettaient alors des canots à la mer pour la même raison, c’est-à-dire se mettre à l’abri des canons.


Bâbord / Tribord

En regardant vers la proue (avant) :

Bâbord : à gauche

Tribord : à droite

Mnémotechnique pour ne plus oublier : BATTERIE


Attaque

Les trois mots clés étaient : surprise, rapidité (pour aborder et pour, ensuite, s’en aller) et terreur.

Les pirates aimaient suivre leur proie durant des jours avant de les attaquer, afin de faire grimper la peur de l’adversaire. Ils avaient également recours à des ruses pour pouvoir s’approcher du navire convoité au plus près.

Les ruses les plus courantes étaient les suivantes :

- hisser un pavillon ami, voire le même pavillon que le navire convoité, et révéler ses vraies couleurs une fois proche, le Jolly Roger ;

- cacher les hommes au fond des cales ou à plat ventre sur le pont ;

- lancer un appel de détresse, l’équipage revêtu d’uniformes officiels ;

- se faire passer pour un navire marchand offrant de vendre de la nourriture fraîche ;

- l’équipage se déguise en femme, joue du violon ou lit un bouquin.


L’adversaire, craignant de mourir, rejoignait parfois les pirates ou tentaient de négocier pour éviter l’affrontement.

Lorsque la proie voyageait avec une escorte, les forbans attendaient les temps mauvais qui dispersait le groupe. Si le vent était trop fort, le pirate travaillait au canon jusqu’à ce que cela se calme.

Pour commencer, les forbans travaillaient au canon en guise de préliminaire, dans le but de décimer un maximum d’hommes et d’affaiblir les autres. Ils pouvaient mettre une chaloupe à l’eau, y mettre le feu et l’envoyer vers la proie. Ensuite, ils jetaient les chaloupes à la mer, s’approchaient du navire ennemi, lançaient les grappins et escaladaient le bâtiment adverse pour envahir le pont. Conscients de leur réputation de cruels, ils tiraient dans tous les sens, hurlant, brandissant les armes, effrayant l’équipage, semant la panique. La bataille pouvait durer plusieurs heures. Si un homme riche se trouvait à bord, celui-ci était torturé et on fouillait le navire après sa richesse.

Les pirates ne combattaient pas uniquement en mer. En effet, ils leur arrivaient de faire des raids à terre.


Les armes

Le sabre : légèrement incurvé, ne tranchant que d’un seul côté, il est en général l’arme favorite.

Le pistolet : populaire mais pas très pratique. Il est difficile de le recharger et de viser dans la mêlée du combat.

La hache : en général pour couper les cordes et les portes.

Le coutelas

Les poignards

L'épissoir : ressemble à un pic à glace.

Le tromblon (fusil et pistolet)

Le mousquet

La grenade

Les boulets

- Plein : fait des dommages dans la coque du bâtiment.

- Ramés : deux boulets ou demi boulets reliés par une barre. Ils servaient à couper les manœuvres (couper les cordes qui servent à manœuvrer le navire) et à déchirer les voiles.

- Boulets chaînés/enchaînés : deux boulets ou demi boulets reliés par une chaîne. Même utilisation que les ramés.

- Bombes : boulets creux dans lequel on pouvait mettre de la poudre.


(cliquez sur les photos pour agrandir)




LA VIE A BORD


Naviguer pour le pays, en tant que pirate ou encore en qualité de commerçant, représentait les mêmes contraintes.


Le navire

Les règles étaient très strictes : les jeux et les femmes étaient interdits à bord, pour éviter les tensions et les querelles. L’espace, à bord, est très réduit. Il y avait beaucoup d’hommes pour un petit espace. Il faisait crasseux et cela sentait mauvais (eau croupie, saleté et excréments de rats,…). Quand il faisait beau, les écoutilles et les sabords étaient ouvert afin d’aérer les cales et les entreponts ainsi qu’apporter un peu de lumière.


Maladie

Les marins avaient plus de chances de mourir d'une maladie que d'un coup de sabre. La principale maladie était le scorbut (manque de vitamines) qui pouvait se guérir une fois à terre. Elle causait le déchaussement des dents, des hémorragies et, si elle n’était pas soignée, la mort. Les rats, infestants les navires, étaient une autre source de maladies. Typhus, typhoïde, $malaria, dysenterie, fièvre jaune,… étaient également courants. Lors des pillages, les pirates recherchaient non seulement les objets de valeur mais également les coffres à pharmacie.


Nourriture

Les marins souffraient souvent de malnutrition, ils recevaient une ration trop peu par rapport aux efforts qu'ils fournissaient. L'équipage était nourri, entre autres, de viandes sèches et salées, lards salés, de légumes secs, des fruits et des poissons qu’ils pêchaient. Mais les voyages étant longs, cela ne se gardaient que très peu de temps. Il y avait aussi les biscuits de Marin, extrêmement durs, qui ne gâtaient pas, qui se conservait des années, mais dans lesquels grouillaient des vers. Les membres de l’équipage les mangeaient généralement dans le noir pour ne pas voir les insectes et la moisissure.

Il y avait aussi, à bord, dans des parcs animaliers, des animaux dont des poules pour leurs œufs et des chèvres pour leur lait (qui étaient quelquefois en liberté sur les ponts), des oies, des canards, des porcs... mais au fur et à mesure du voyage, les animaux périssaient et la nourriture fraîche s'épuisait rapidement.


Boissons

Très peu d'eau était distribuée à boire à l'équipage. Une petite mesure de vin était distribuée quotidiennement et l'on buvait du grog et du rhum. Le grog a été inventé en 1740 par Edward Vernon afin de réduire la consommation d'alcool des marins (qui en abusaient). Il ajoutait de l'eau chaude dans le rhum.


Ennuis

Les marins souffraient également de l'ennui. Le navire pouvait rester immobilise durant près d'un mois, faute de vent. Les matelots étaient alors sur les nerfs et une bagarre pouvait rapidement se déclencher. C'est pourquoi un orchestre était fort apprécié à bord, tout comme les perroquets (s'il hissait son plumage, c'est qu'il allait y avoir un orage). Les membres de l’équipage s’occupaient constamment en réalisant leurs corvées.


Les corvées

  • Remplacer et recoudre des voiles ;

  • Réparer les équipements abîmés ;

  • Manœuvrer le bâtiment ;

  • Briquer le pont (l’humidifier) ;

  • Éplucher les patates ;

  • Ranger les cales ;

  • Aiguiser et nettoyer toutes les armes ;

  • Prendre son tour à la vigie ;

  • Raccommoder des vêtements ;

  • Faire la vaisselle ;

  • Prendre son tour de garde le soir ;

  • Réparer les cordages ;

  • Nettoyer la coque pour enlever les algues, coquillages et autres ;


Surpressions et croyances

Les marins étaient fortement superstitieux (et le sont encore de nos jours). Ils croyaient, par exemple, que lorsqu’il n’y avait pas de rats sur un navire, cela annonçait un malheur ou que siffler attirait les grands vents et le diable. Certains mots étaient interdits à bord, comme, par exemple, corde (on devait dire cordage), ficelle, noyade, lapin, lièvre, pourceau, loup, curé, église, prêtre, presbytère, chapelle, moine, volet, couturière,… Les matelots croyaient également que les navires possèdent une âme et que les figures de proue ont un rôle protecteur symbolique.

Plus de détails ici : http://www.pirates-corsaires.com/superstitions.htm


Logement

Les matelots étaient mal logés. Ils dormaient soit dans des hamacs (appelés branles) situé dans les entreponts, jadis entre les canons (d'où l'expression branle-bas de combat ==> il fallait retirer les branles afin d'utiliser les canons), soit par terre ou encore sur le pont par manque de place (excepté par mauvais temps). Les capitaines/commandants et officiers n’étaient pas toujours mieux logé : il n'avaient pas toujours une cabine privée.


Le feu

Le feu était autant redoutable que les maladies. Il fallait prendre de sévères précautions afin de préserver le navire. Les incendies étaient dévastateurs et meurtriers. Les flammes nues étaient proscrites (elles devaient toujours être contenues dans une lanterne ou un fanal par exemple), toutes les lumières (+ feu dans la cuisine) devaient être éteintes la nuit et les foyers autorisés étaient limités: seul le capitaine, dans son quartier, avait le droit d'avoir du feu, dans la timonerie et au poste de garde sous étroite surveillance. La journée, les fours ne pouvaient être allumés que par temps calme et le coq (le cuisinier) n’avait le droit de cuisiner que par temps calme.


Autres

- À bord des navires, il y avait des centaines de rats qui amenaient des maladies et qui rongeaient tout (par contre, une absence de rat signifiait malheur).

- Des piqûres d'insectes provoquaient des fièvres.

- Il y avait une très mauvaise condition d'hygiène. Les ponts étaient crasseux, il y avait des excréments de rat,...

- Il y avait une absence de bons remèdes en cas de blessures.

- Dans certaines régions, la chaleur était étouffante.

- Souvent, les jeux où l'on pariait étaient proscrits par le capitaine afin de ne pas engendrer de bagarre.

- En ce qui concerne les pirates: ils devaient toujours rester méfiant envers ses camarades.

- Peu de marins savaient nager.

- Il y avait obligation de nettoyer ses armes.



VIE A TERRE


Les pirates revenaient parfois à terre. Il y dépensait leur argent dans des tavernes et maisons closes, réparait leur navire, se mettait à l’abri d’une tempête, jouaient aux jeux de hasard,… Ils mangeaient et buvaient plus que de raison. Ils en profitaient aussi pour revendre leur butin sur de petites îles qui les accueillaient avec plaisir. Ils contribuaient à la protection de l’endroit contre une attaque ainsi qu’à l’économie.


Les potins des tavernes

À terre, les marins passaient beaucoup de temps dans les tavernes. Les ragots y circulaient, mais pas seulement. On y parlait de la réputation d’un capitaine, d’un marin ou d’un navire et les volontaires affluaient de partout. Dans les discussions, on apprenait les voyages prévus par les commerçants ainsi que les chemins qu’ils prévoyaient de prendre. Les pirates profitaient alors de leur connaissance.







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Références :

ALAIN CONAN, Les indomptables corsaires de la liberté, Éditions Vernoy/Editions Famot (1970)

JEAN MERRIEN, Tels étaient corsaires et flibustiers, LE LIVRE CONTEMPORAINS / AMIOT DUMONT (1 janvier 1957)

ALAIN ROMAN, La saga des Surcouf, Editions Cristel (20 juin 2006)

LES PIRATES, Naufrages de légende, Editions du Trésor (14 novembre 2013)

ROBERT DE LA CROIX, Histoire de la Piraterie, Editions L'Ancre de Marine (15 mars 2011)

GEORGES BLOND, Histoire de la flibuste, TALLANDIER (2 janvier 2014)

http://www.pirates-corsaires.com/

http://www.kiss.qc.ca/Encycopirate/Encyclopirate.html

http://worldone.forumactif.com/t40-boulet-de-canon

Wikipédia



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