
En 1683, Louis XIV devient roi à l’âge de 4 ans. À cette époque, sur 20.000.000 d’habitants en France, 18.000.000 vivent à la campagne. Les villes sont peu développées et sont divisées en deux classes : la noblesse (15%), avec la bourgeoisie et le clergé, et le peuple (85 %), avec les paysans, artisans,… Vous verrez dans cet article que rien ne change vraiment pour le peuple par rapport aux siècles précédents, ce qui n’en va pas de même pour la noblesse qui connaît notamment des nouveautés en terme de villes, de chirurgie, d’alimentation,…
Vie dans les villages
Dans les villages, la vie n’a pas trop évolué depuis le Moyen-Âge. Les villageois vivent au rythme du soleil. Quand il se lève, ils partent travailler au champ. Tout le monde met la main à la pâte, les hommes, les femmes et les enfants dès 7 ans. Les travaux prennent tellement du temps – et les curés veillant sur les bonnes mœurs – que il y a rarement des infidélités contrairement à dans les villes.
Le peuple est écrasé d’impôts. La taille, l’impôt sur le revenu ; la gabelle, l’impôt sur le sel ; la dîme à l’église ; taxe foncière,… Cela n’en va pas de même pour la noblesse.
Maisons campagnardes
Les villageois habitent dans des maisons très modestes dont le toit est en chaume. À l’intérieur, il n’y a qu’une pièce. On cuisine dans la cheminée, on mange devant elle, on dort devant elle… L’hiver, pour se réchauffer davantage, on laisse les animaux entrer. Les pyjamas n’existent pas. On dort avec la chemise de la journée. Il y a bien souvent qu’un seul lit dans lequel peuvent dormir jusqu’à cinq personnes. Seuls les paysans gagnant un peu plus ont la chance d’avoir deux couches. Les matelas (les paillasses) sont fait de pailles. On dort à moitié assis car allongé est la position des morts, mais pas trop plié car le diable rentrerait par bouche.
Les villes
Les rues sont fort sales. Comme du temps du Moyen-Âge, on jette les détritus par les fenêtres, o trouve des cadavres de bêtes, on fait sécher les cuir dehors, le boucher travaille sur sa devanture, les animaux courent dans tous les sens, il n’y a pas d’égouts,…
Louis XIV connaît la réputation des rues de Paris : elles sont très sales, davantage que celles des autres villes dans les pays plus modernes. Il va changer cela. Il va créer des égouts, améliorer la distribution des eux, installer des bateaux-lavoirs le long de la Seine,…
La famille
L’adolescence n’existe pas. On passe directement de l’enfance à l’âge adulte. Une fois adulte, on reste sous la coupe des parents qui continuent à décider des choix que l’on fait, comme par exemple le mariage. Même le Roi n’avait pas le droit de décider.
À cette époque, on se marie par intérêt économique et le divorce n’existe pas. Chez les paysans, le mariage se fait vers 25-28 ans. On a plusieurs enfants car ils sont des mains-d’œuvre non négligeables (faut-il encore qu’ils survivent aux premières années de vie). Dans la noblesse, on se marie plus tôt (dès l’âge de 15-16 ans) afin d’avoir plus d’enfants (donc plus de chance d’avoir un héritier mâle).
L’éducation
L’école n’est pas obligatoire. Les enfants paysans vont travailler au champ à partir de 7 ans. Ils ne savent pas lire ni écrire. Les enfants de commerçants, eux, vont recevoir une éducation, même si elle est moins poussée que celle des nobles.
Ce sont les religieux – les seuls à savoir lire dans les villages – qui enseignent la lecture, l’écriture et le calcul contre rémunération. L’instruction se fait en latin, car c’est la langue de la religion mais également celle des lettrés. À l’époque, seulement 5% de la population parle le français. En effet, la population parle des dialectes selon les régions (le breton, le normand, le picard, le berrichon, le gascon, le limousin, l’auvergnant, le provençal). C’est surtout les habitant de l’île de France et de la Vallée de la Loire qui parlent le français. De ce fait, tous les Français ne se comprennent pas toujours. Le latin est la langue universelle, celle qui fait que tous les nobles se comprennent d’où qu’ils viennent en France. On écrit avec des plumes et de l’encre. Il est interdit d’écrire avec la main gauche, la main du diable. La pointe de la plume ne glisse pas sur le papier ; elle l’accroche.
À partir de l’ordonnance du 13 décembre 1698, les parents sont obligé par Louis XIV d’envoyer leurs enfants dans les écoles paroissiales jusqu’à l’âge de quatorze ans. Ces « petites écoles » sont sous l’unique organisation des évêques et des communautés locales – le roi n’intervient en aucune façon – et sont financées par les familles. Elles sont souvent réservées aux garçons. On commence à enseigner en français ou en langue de la région. Les Universités et les Collèges, eux, continuent leur instruction exclusivement en latin (ce n’est qu’au XVIIIe siècle que le français commencera à gagner ces institutions). Beaucoup d’enfants de la bourgeoisie vont au Collège mais tous ne se rendent pas ensuite à l’Université.
Au XVIe et XVIIIe siècles, des jésuites créent des écoles gratuites, dont l'actuel lycée Louis-le-Grand à Paris.
L’hygiène
L’hygiène est sommaire. Il n’y a pas d’égout, pas d’eau courante,…
Les paysans se soulagent là où ils peuvent (sur les murs, dans un escalier, dans des vases,…). Les plus aisés utilisent des pots de chambre dont le contenu est versé dans les fossés ou, en ville, dans les rues déjà fort malpropres. Les femmes, quant à elles, placent un pot qui leur est réservé – le bourdaloue – sous ses jupons. Elles les emmènent partout avec elle, même à la messe. Dans les châteaux, on trouve des latrines – comme au Moyen-Âge – mais les odeurs remontent (et cela n’empêche pas les courtisans de continuer à se soulager un peu partout).

Les nobles français pensent que se laver à l’eau est mauvais pour la santé mais également que la crasse protège. On se lave avec un linge humide et on se brosse les cheveux puis les badigeonne de poudre. On finissait par se parfumer abondamment. Les paysans, eux, se baignent dans les rivières dès que le temps le permet.
Les vêtements ne sont lavés que deux fois par an (au printemps et en automne) car c’est un processus long (trois jours entiers).
Premier jour ; première étape : l’enfer : pendant des heures, on fait bouillir et on brasse les vêtements dans de l’eau mélanger à de la cendre de bouleau (détergent naturel ; savon) et à des cristaux de soudre. Cela permet de blanchir le linge ainsi que d’enlever la saleté. Ensuite, on sort les vêtements, les pose dans un panier et les apporte au lavoir. Là, deuxième jour ; deuxième étape : le purgatoire : on se met à genoux et pose le vêtement sur une grosse pierre rectangulaire près de la rivière. À nouveau, pendant des heures, on bat le linge afin de faire sortir la cendre tout en le rinçant régulièrement dans l’eau. Troisième jour ; dernière étape : le séchage. On étend les linges sur des haies ou sur l’herbe.
Chez les nobles, ce sont les domestiques ou des lavandières qui lavent les vêtements le plus souvent possible. Le blanc est un signe de richesse.
La santé
Ventouses, saignées, pas d’antibiotiques,… la médecine des Lumières est bien différente de celle d’aujourd’hui. L’espérance de vie est souvent faible : une personne sur deux meurent avant 20 ans ; l’espérance de vie est de 25 ans. Les nobles et les bourgeois se font soigner à domicile, les autres se rendent à l’hospice.
Pour les médecins, le corps est constitué de quatre humeurs qui doivent rester en équilibre : le sang (caractère sanguin – à fleur de peau – ou chaleureux), la bile noire ou atrabilaire (caractère mélancolique/anxieux), la bile jaune (caractère bilieux, enclin à la violence) et le phlegme ou pituite (caractère lymphatique). Ces humeurs correspondent aux quatre éléments, dans l’ordre des humeurs : air, terre, feu et eau. Cette croyance remonte à Hippocrate, médecin grec de l’Antiquité.
Les médecins analysent les urines et les goûtent. Leur premier recours est la saignée. Ils font des incisions dans le bras, dans la jambe ou utilisent des sangsues, pensant que retirer du sang soigne. En vérité, cela affaiblit plus le patient qu’autre chose. Le deuxième recours le plus répandu : la clystère, pour les lavements, remplie d’eau et de plantes médicinales. En réalité, elle ne sert pas à grand-chose…

Le médecin et le clystère (détail d’une gravure d’Abraham Bosse, XVIIe siècle)
Il est recommandé de faire, une fois par mois, une purge et un lavement pour rester en bonne santé.
Les médicaments étaient faits de toutes sortes de choses, des plantes mais pas seulement : les doigts de momies réduites en poudre guérissent (selon les croyances) les plaies infectées, de l’opium (p our ses propriétés sédatives et analgésiques), la quinine (efficace contre les crises de fièvre), herbes diverses (camomille, sauge officinale,…),…
Les chirurgiens-barbiers vont permettre de faire une grande avancée. Ce sont eux qui opèrent les patients et qui jouent le rôle du dentiste (ou plus vite d’accrocheur de dents et ça, sans anesthésie…). Ceux de Versailles portent de longues robes. Ils ont fait davantage d’étude que les autres.
En 1686, à l’âge de 46, le roi Louis XIV souffre d’une fistule anale. Son chirurgien-barbier, Charles-François Tassy, invente un outil spécialement pour cette occasion (un bistouri « recourbé à la royale ») et s’entraîne d’abord sur 75 miséreux avant de s’attaquer au roi, le 18 novembre. L’opération dure trois heures, sans anesthésie, et se conclue par une réussite. C’est un pas en avant pour la chirurgie.
Les divertissements
On joue des pièces de théâtre dans les jardins de Versailles mais aussi des comédies-ballets (dans lesquels Louis XIV danse (le plus célèbre étant le « bal de la nuit », dans lequel le roi est déguisé en soleil et prend donc son surnom de « roi soleil »)), on organise des carrousels, des feux d’artifice, des danses (le seul point commun, à cette époque, entre la noblesse et le peuple) comme le menuet,…
Le menuet est une danse populaire qui a été adapté pour devenir une danse de Cour. Louis XIV a été le premier à la danser.
À la campagne, il y a couramment des fêtes populaires. Les fêtes religieuses, les changements de saisons, la fin des moissons, un mariage,… tout est bon pour festoyer. On y fait des banquets, on boit, on danse,…
La chasse, activité préférée de l’aristocratie, est réservé (est un privilège) aux nobles. Si un paysan braconne, il est directement sévèrement puni.
L’alimentation
Les tables des nobles débordent de toutes sortes de plats. Ils se régalent de viandes (cochons, pigeons, cerfs, lapins,…), trop puisqu’ils attrapent la goûtent, mais aussi de nouveaux fruits et légumes (fraises quelle que soient la saison grâce à des serres chauffées, oranges, melons, figues, asperges, artichauts, petits pois,…). Il y a huit services. La profusion des plats a pour but de montrer la richesse et le succès à la chasse. Ce qui n’est pas consommé est vendu par les cuisiniers aux voisins, aux paysans du domaine et mangé par les domestiques du château. On termine les repas par des desserts, chose nouvelle. Le café et le chocolat, adorés par le roi Louis XIV, deviennent à la mode.
Cela est tout différent pour le peuple.
Mourant parfois de famine, il doit se contenter du pain à base de seigle et de soupe (principales alimentations), de bouillies,…
Il y a trois repas par jour : au lever du soleil, aux environs de midi et à la tombée de la nuit, le repas le plus copieux. Le régime est relativement végétarien par souci d’économie et religieux. En effet, l’église interdit de manger de la viande un jour sur deux ainsi que tous les jours durant le carême. Quand on peut manger de la viande, on ne consomme pas celle des bœufs. On garde ces animaux pour tirer les charrettes. On ne tue pas non plus les poules. On mange alors les cochons que l’on tue en général durant la période de Noël. On conserve la viande dans des grandes jarres remplies de sel, comme du temps des Gaulois. Malheureusement, le sel – qui n’est pourtant pas rare – est taxé lourdement (la gabelle).
On ne mange pas de pommes de terre. Au 17ème siècle, en France, on ne sait pas comment la consommer. Il faudra attendre le siècle suivant, grâce à Parmentier. En attendant, elles servent à nourrir les cochons. On ne consomme pas non plus d’œufs, car ils sont considérés comme un grand luxe (c’est pourquoi ils ne tuaient pas les poules).
Quant aux boissons, le peuple boit du lait. Les nobles pas. Cela en valait déjà de même au Moyen-Âge.
Avant de manger, on dit le bénédicité. D’ailleurs, on prie beaucoup : au lever, aux repas, au coucher,… Les mères de famille ne mangent pas à table en même temps que leur mari et leurs enfants, car elles sont occupé à préparer le repas, à servir, puis à ranger.
La mode
Dans les campagne, il n’y a ni perruque, ni toilettes coûteuses. On garde les vêtements jusqu’au bout, on les use et parfois même on se les passe de génération en génération. Les paysans fabriquent eux-mêmes leurs vêtements ou en achètes à un voisin spécialiste. Les hommes n’ont pas une dizaine de chemises, is n’en possèdent que deux. Ce sont des habits faits pour le travail.
Les nobles, quant à eux, suivent la mode. Ils veulent ressembler au roi. Quand Louis XIV perd ses cheveux et qu’il doit porter des perruques, tous les aristocrates l’imitent rapidement. Plus la perruque est fournie et a du volume, plus elle est appréciable. On ne la nettoie pas mais on la poudre.
Le costume masculin est composé comme suit : une chemise, une cravate, des longs bas en soie ou en laine tenus par des jarretières (les hommes mettaient en valeur leurs jambes), une jupe-culotte, un gilet, une veste à longues manches ornées (justaucorps, « habit ») ou une cape, une canne, un chapeau que l’on tient sous le bras (car il ne tient pas sur la perruque), des chaussures à talons (rouge si la personne avait le droit d’entrer dans la chambre du roi). Le tout est agrémenté de pierreries diverses.
Le costume féminin, lui, est composé de plusieurs jupes, d’une chemise, d’un corset porté très serré pour rehausser la poitrine et marqué la taille. Il n’est pas rare de voir une femme s’évanouir tant son corset est serré, ce qui lui donne des difficultés pour respirer. Pour marquer encore davantage les hanches, on rajoute des bourrelets sous la robe.
Les tissus sont très chers. Les tailleurs réalisent les vêtements sur mesure et sur commande.
Pour se distinguer des nobles qui, à force de travailler sous le soleil, on la peau brunâtre, les nobles se maquillent dès le début de la journée entièrement le visage en blanc (avec de la céruse : de l’oxyde de plomb). Ils se rougissent cependant les lèvres et les joues d’un rouge fabriqué à base de graisse de moutons. On sait depuis Louis XV que, à la longue, la céruse – fortement toxique – déchausse les dents, creuse la peau, donne mauvaise haleine,…
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Sources :
L’Histoire au quotidien : La vie à l’époque de Louis XIV
Wikipedia
Rocher Dachez, Histoire de la médecine de l’Antiquité à nos jours, Tallendier, collection Texto, septembre 2012